Dans l’optique de réduire, voire d’éradiquer le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui menacent gravement l’état de santé socio-économique de nos Etats de l’espace CEDEAO, le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), en collaboration avec la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), organise, du lundi 22 au vendredi 26 Mars, un séminaire de renforcement des capacités à l’intention d’environ 55 juges, magistrats, procureurs et autres experts en la matière, tous francophones et lusophones.
L’ouverture des travaux de cette rencontre qui s’est déroulée à l’Hôtel Azalaï Salam était placée sous l’égide du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux. « Le choix porté sur notre pays pour abriter le présent séminaire nous honore, car il témoigne de la reconnaissance des efforts consentis, au niveau national, par le Mali, dans le domaine de la lutte contre le crime organisé« , a indiqué le Ministre Maharafa Traoré.
En effet, en Novembre 2008, dans le Rapport d’Evaluation Mutuelle élaboré à Dakar, le Mali a été noté « non conforme » dans presque tous les compartiments des recommandations du GAFI. Et un an plus tard, soit en Novembre 2009, le Mali a été félicité pour l’excellence du travail qu’il a déployé pour se rendre conforme aux différentes recommandations. Toutes choses qui dénotent une volonté politique forte des autorités maliennes et une prise de conscience des acteurs dans la lutte conte le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
En effet, dans le souci de faire, de notre pays, un modèle de bonne gouvernanace, le Président de la République, ATT, a inscrit en bonne place, dans le Programme de Développement Economique et Social (PDES), la question de la sécurité portant sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée. La traduction de cette vision politique du Chef de l’Etat explique les nombreuses initiatives prises en vue de leur matérialisation en actions concrètes.
« C’est ainsi que de nombreuses réformes ont été initiées tant sur le plan institutionnel que sur le plan normatif, parmi lesquelles la mise en place d’une Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) , et le lancement, le 18 Février 2010, du Programme national intégré de lutte contre le trafic illicite de drogue et la criminalité organisée, en présence du Directeur Exécutif de l’ONUDC« , a souligné le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Maharafa Traoré.
Par ailleurs, la première activité de ce Programme a été la tenue, du 15 Février au 31 Mars 2010, d’un atelier de renforcement des capacités en matière d’enquête financière des acteurs intervenant dans cette lutte(magistrats, Officiers de Police Judiciaire, membres de la CENTIF), avec l’assistance technique de l’ONUDC. Toutefois, aux dires du Ministre Maharafa Traoré, le Mali reste convaincu que seule une coopération et une collaboration à l’échelle régionale, voire internationale, est capable d’éradiquer ces fléaux.
Sous cet angle, la rencontre de Dakar (en Février dernier) des Ministres de la Sécurité de la sous-région, élargie aux Ministres français et espagnol, et qui avait abouti à ce qu’il est convenu d’appeler « L’intitiative de Dakar« , a démontré à suffisance la prise de conscience de nos Etats et la nécessité de conjuguer les efforts en vue de lutter contre le trafic de drogue qui a, pour conséquence, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Toujours selon le Chef du département de tutelle, la rencontre de Dakar constitue désormais un nouveau départ pour la mise en œuvre de la Déclaration Politique et du Plan d’Action Régional 2008-2011 de la CEDEAO, adoptés par le 35è Sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement à Abuja (Nigéria) le 19 Décembre 2008.
Le Ministre a également indiqué que sur cette lancée, ce séminaire contribuera à l’émergence d’une stratégie communautaire dynamique de renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la chaîne répressive et la prévention de la criminalité.
« Le blanchiment de capitaux a des conséquences néfastes sur l’économie nationale. Il compromet la solidité et la stabilité des institutions des systèmes financiers, tout en accroissant l’instabilité des mouvements des capitaux internationaux, portant ainsi un coup dur aux investissements. Face à ces préoccupations de plus en plus croissantes, il s’avère plus que jamais nécessaire, pour nos Etats, de disposer d’un arsenal juridique efficace, mais aussi de renforcer les capacités des différents intervenanants » , a précisé le Minsitre Maharafa Traoré.
Tout en abondant dans le même sens, l’ancienne Prsidente de la Cour de Justice de la CEDEAO a estimé que face à la complexité des techniques utilisées par les auteurs du blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et face à la difficulté de les appréhender, les juges doivent être informés de l’arsenal institutionnel et juridique pour être à la hauteur de la lutte contre ces infractions.
« Ce séminaire va sans doute nous permettre non seulement de mesurer la gravité de ces menaces, mais également de mieux percevoir notre rôle de sentinelles pour qu’un jour, ces fléaux soient complètement éradiqués« , a laissé entendre le juge Aminata Mallé.
Rappelons que durant ces jours de formation, les participnts se pencheront sur des thèmes pertinents : entre autres, « La Cour de Justice de la CEEAO : composition, rôle et attributions, compétences, fonctionnement et relations avec les juridictions nationales » ; « Introduction à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » ; « La déclaration de soupçon et saisine du juge pour suite à donner » ; « Enquêtes criminelles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » ; « La cybercriminalité et ses effets en matière de blanchiment d’argent et le financement du terrorisme« …
Bakoroba COULIBALY