L’essor démographique s’est accompagné d’une représentation croissante de la population urbaine au Mali. Les villes regroupaient 17% de la population en 1976 et 22% en 1987. Mais en 2015, ce taux dépassera 40%.
Pourtant, face aux problèmes qui en découlent, les politiques en la matière révèlent de plus en plus leur impuissance. N’est-il pas alors temps d’envisager de nouvelles mesures ?
La population urbaine s’est accrue à un rythme trois fois plus élevé que la population rurale : 4,2% contre 1,4% en moyenne annuelle, entre les recensements de 1976 et 1998 . Un écart qui s’explique, pour une large part, par les migrations, principalement celles orientées vers les villes.
En effet, la Capitale regroupe près de 40% de la population urbaine, soit 1,016 millions d’habitants en 1998. Une valeur élevée, mais qui est restée relativement stable depuis le milieu des années 1970 : le développement des villes intérieures s’est fait dans les trente dernières années, au même rythme que celui de Bamako.
Bien que le taux d’urbanisation soit encore relativement modeste, en comparaison avec les moyennes régionales, le rythme d’accroissement des villes est en soi un problème majeur. Les pressions sur les marchés de l’emploi du logement et des services ne cessent d’augmenter, avec, pour conséquence, une dégradation des conditions de vie et de l’environnement urbain.
Le développement des quartiers spontanés est un signe révélateur des limites de la gestion urbaine. A Bamako, leur superficie est passée de 157 hectares en 1978 à 2 990 hectares en 1986. On estime que 45% de la population de Bamako y résidait en 1993. Cette urbanisation dite « sauvage » ne se limite pas seulement à la Capitale, mais concerne aussi toutes les villes secondaires.
La précarité prend des formes extrêmes dans ces quartiers qui, sauf exception, ne disposent pas d’infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, transport…), et qui souffrent de pénurie d’eau et de conditions d’insalubrité.
La gestion, sinon la résorption de cet habitat spontané, constitue un véritable défi pour les autorités administratives et municipales, compte tenu de la gravité des problèmes constatés en termes d’habitat, d’adduction, de transport et de pollution.
La déficience des aménagements et de la gestion urbaine dépasse le cadre des quartiers spontanés et s’exprime sous des formes multiples, à l’échelle de l’ensemble des espaces urbaines. Ainsi, les villes maliennes ne sont pas équipées de système d’égout. Aussi, le fleuve Niger, où se déversent les déchets liquides de Bamako et des autres villes riveraines, est devenu un égout à ciel ouvert.
La collecte des ordures ménagères est irrégulière ; et les déchets qui s’amoncellent le long des rues posent d’énormes problèmes d’insalubrité. Le réseau de distribution d’eau et d’aqueduc sont vétustes ; d’où des déperditions importantes d’eau. Ainsi, l’extension du réseau se heurte à la non-solvabilité des potentiels bénéficiaires.
De gros efforts ont été consentis en matière d’amélioration des infrastructures routières, notamment dans les villes qui ont accueilli les matches de la Coupe Africaine des Nations (CAN) en 2002. Les principaux axes routiers des villes sont en bon état ; mais les rues secondaires sont rarement viabilisées et se transforment, du coup, en champs de boue dès la rentrée de la saison des pluies.
Ce sont tout simplement les conséquences accumulées de l’étroitesse des chaussées, de l’anarchie des services de transport, de l’augmentation des véhicules particuliers et du manque d’entretien des voies et des feux de signalisation.
Les autorités administratives et municipales sont confrontées à un manque de ressources financières, pour faire face à la dégradation de l’environnement urbain et à la croissance urbaine. Du fait de la pauvreté des populations qui y ont élu domicile, les recettes municipales demeurent très faibles, voire largement insuffisantes.
Bakoroba COULIBALY