Il fut un temps où, durant des mois, un trio rappeur de la place avait alimenté les langues (les bonnes, tout comme les mauvaises) et fait la « une » des commentaires de la capitale : en effet, si, d’un côté, le dit trio avait reçu des félicitations et encouragements d’un bon nombre de Bamakois (notamment les fans du groupe), d’un autre, il avait été voué aux gémonies, traité de tous les noms d’oiseaux et accusé de tous les péchés d’Israël par ceux-là mêmes qui ne tenaient pas(mais alors pas du tout !) à ce que leurs méfaits soient étalés au grand jour, encore moins sur la place publique.
Le pire pour les trois jeunes rappeurs, c’est que des parents, amis et autres personnes, reconnaissants et redevables des auteurs desdits méfaits (entendez ces Maires férus du fincier) s’étaient lancés dans des campagnes de discrédit et d‘intimidation à l’endroit des membres du trio chanteur, tout en leur adressant même des messages téléphoniques le plus souvent bourrés d’intimidations et de menaces de mort.
Mais au fait, quel était donc ce « crime de lèse Maires » qui avait valu autant d’éloges que d’acrimonies au trio TATA POUND, puisqu’il faut enfin l’appeler par son … »NON ! « , bien qu’au demeurant, beaucoup de citoyens l’aient deviné d’avance ?
En vérité, dans une de ses œuvres « rappeuses« , TATA POUND n’avait fait que chanter tout haut ce que bon nombre de citoyens grognaient déjà tout bas depuis des lustres : la vente et l’attribution illicites de terrains et titres fonciers par des Maires, notamment ceux du District, et cela, à des « faims« , pardon, des fins aussi mercantiles que sordides et dénués de tout scrupule et de civisme.
Si bien qu’en raison même de l’intérêt qu’elle avait suscité (et suscite encore) au sein de la population, la chanson de ces trois rappeurs « qui ont osé » avait fait un « tabac du tonnerre » et provoqué une réprobation quasi générale des Maliens à l’encontre des édiles du pays, ceux de Bamako en particulier.
Le plus hilarant et… pertinent à la fois (il faut le noter), c’est que le refrain de la fameuse chanson du trio artiste se terminait par des mots, ou du moins, des maux bien éreintants : « Oh, Mairi zôn, zôn ! « , entendez, « Oh Maire voleur, voleur ! « . En effet, « voleur« , c’est malheureusement le terme qui convient, car un voleur n’est rien d’autre que celui qui s’arroge le droit de posséder, sinon d’usurper ce qui n’est pas sa propriété personnelle.
Et en matière de vol de titres, de terrains et autres espaces dits ou supposés « verts« , bien de nos Maires étaients passés maîtres, même si de nos jours, de tels cas de vols se sont un peu « mis au vert » ou « à carreau« . Pourtant, dans le cas d’espèce, les Maires n’étaient pas les seuls à être indexés comme « détrousseurs » ou « détourneurs » de propriétés foncières. Loin de là.
En effet, depuis que certains esprits mal intentionnés et toujours à la recherche d’une arnaque judicieuse et « génératrice de revenus » faciles ont constaté que la vente et l’usurpation d’espaces, de terrains et de titres fonciers rapportent gros, sinon gras, il s’étaient aussitôt lancés dans « la bataille« , grugeant et escroquant à souhait, jusqu’à égaliser, sinon dépasser certains Maires dans le domaine.
C’est alors qu’on constata une subite apparition, sur la scène des sales affaires, d’une nouvelle race de « loups » aux dents plus pointues, des chercheurs, plutôt des chasseurs d’espaces qu’aucune transaction foncière n’émouvait ni n’effrayait, des téméraires qui ne reculaient devant aucun risque ni aucun danger, pourvu qu’au bout de la sale aventure, ils fûssent « rémunérés » aussi grassement qu’illégalement. Et l’on voyait apparaître, parmi les citoyens, des hommes et femmes « d’affaires » aux fonctions et attributions aussi nébuleuses qu’incertaines et mal définies.
C’est dire que ces Maires qui s’étaient illustrés dans des affaires frauduleuses de terrains ou de titres fonciers s’étaient tout simplement fait « battre sur leur propre terrain« , car malheureusement pour eux, d’autres larrons avaient tôt fait de leur ravir la vedette, dans le domaine de la fraude foncière. Aussi, bien que les Maires ne fussent pas tous salis dans ces affaires, les citoyens conservent encore et toujours la tendance de leur attribuer tous les désagréments, à eux, causés par ces ventes, retraits et attributions illicites de nos terres, terrains et titres fonciers.
Or, nous l’avions dit et redit : venant d’un dirigeant connu, d’un haut cadre ou d’une personnalité distinguée, le moindre fait ou geste, le moindre acte ou comportement, la moindre action ou attitude sont étudiés, jaugés et jugés selon l’esprit ou l’entendement de chaque citoyen. A cette vérité universelle, aucun dirigeant ne peut rien. Aussi, un dirigeant se doit-il de montrer le bon exemple, et cela, quoi qu’il lui en coûte !
Tout simplement parce qu’il doit toujours garder présent l’esprit que les autres (ceux qu’il dirige et surtout, les citoyens) ont toujours les yeux grandement et continuellement braqués sur lui. Alors, au cas où il lui arriverait de commettre une quelconque bévue ou incartade, voilà que les langues se mettent aussitôt à se délier, racontant leur « affaire » et la raccommodant à loisir. Et peu importe ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas : ainsi va le peuple ; et le dirigeant devrait le savoir pour, comme disait l’autre, « se tenir à carreau« .
Voilà pourquoi les Maires en général, parce qu’ils sont des dirigeants de proximité par excellence, ont toujours été assimilés ou apparentés à ces affaires foncières frauduleuses, et cela, même malgré eux. Nous disons « en général« , parce qu’en particulier, il faut reconnaître, par ailleurs, que par rapport à ces affaires, bien des Maires étaient et restent encore propres et nets comme kleenex. Mais l’autre ne disait-il pas que « tous les hyènes bouffent de la charogne, mais seuls ceux qui s’en maculent la gueule sont indexés« ?…
Nous parlons d’affaires foncières parce qu’à un momment, le sujet avait constitué, (et constitue aujourd’hui encore) non seulement la « une » de l’actualité malienne, mais il représentait aussi une épine bien pointue dans le pied de certains gouvernants.
Comment, diable, en finir une fois pour toutes avec ces scandales répétitifs de terrains et de titres fonciers volés, usurpés, extorqués, vendus, revendus… ? Comment décourager ces sales pratiques qui n’en finissaient plus de plonger les citoyens dans le désarroi? Comment empêcher les actes de nuisance de ces « vautours du foncier » ? Comment protéger le patrimoine foncier, les aires, espaces, places et autres domaines réservés de l’Etat ?
Voilà, entre autres, des questions qui, de nos jours, « rendent poivre et sel » les cheveux des plus hautes autorités, quant aux voies et moyens à trouver pour leur solution définitive. Voilà, enfin, toute la motivation qui devait sous-tendre les travaux des « Etats Généraux du Foncier« .
Oumar DIAWARA (Le VIATOR)