» Il n’y aura pas de pénurie, ni pour le sucre, ni pour le riz ». C’est ce qu’a déclaré, il y a quelques jours, le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, M. Ahmadou Abdoulaye Diallo, à l’occasion de sa visite des magasins de stockage et de vente de produits alimentaires. Une déclaration qui visait à rassurer les populations.
Pour la circonstance, le ministre était accompagné d’une forte délégation pour la plupart composée d’opérateurs économiques, de responsables d’associations et de défense des consommateurs. Au total, le ministre Diallo et sa suite ont visité plus de dix magasins. Entre autres, la société Djigué SA, le GGB de Bakoré Sylla, le GDCM de Modibo Keïta, et les Grands Moulins du groupe Achcar.
Satifaction des associations
Les différents groupements et associations de défense des consommateurs rencontraient bien des difficultés pour jouer convenablement leur rôle. Certaines de ces associations ont même échoué sur ce front. Au lieu de se battre pour défendre les consommateurs, leur responsables s’illustrent plutôt dans le racket et le chantage sur des industriels ou promoteurs d’usine de fabrication de produits de consommation.
« Les associations comme ASCOMA ou CONSOLIGUE n’ont aucune raison d’exister. Ce sont des associations créées pour servir uniquement les intérêts de leurs responsables ». C’est le sentiment d’un citoyen très révolté par le comportement des responsables de ces associations et qui les qualifient de « vrais prédateurs », leurs préoccupations tournant essentiellement autour de séminaires, ateliers ou fora internationaux.
Selon lui, leur intérêt pour ces genres de rencontres s’explique par le fait « qu’il y a à manger et à boire », et qu’on ne pense surtout qu’aux perdiems que rapportent ces rencontres. Les premiers responsables de ces organisations ne sont-ils pas, du reste, les seuls à participer aux séminaires ou missions ?
Dans ce cadre, à en croire bien des Maliens, certains responsables des différents groupements ne sont pas à l’abri de tout reproche. « Au lieu d’accomplir correctement leurs missions, ils roulent plutôt pour ceux qu’ils doivent combattre », déclarait avant hier un consommateur qui ne croit plus à leurs histoires. Rarement,aura vu leurs responsables défendre jusqu’au bout l’intérêt des concitoyens, ajoutera-t-il.
La preuve? Malgré la spéculation sur le marché, personne ne lève le petit doigt, encore moins protester ou intenter un procès contre les auteurs de ces faits repréhensibles. De nos jours, le marché bamakois, voire malien, est inondé de produits de toutes sortes destinés à la consommation.
Aussi, des produits avariés, on en voit en longeur de journée : et les consommateurs, innocentsetfatalistes, achètent ces produits. Mais dans tout cela, ni l’ASCOMA, ni CONSOLIGUE, n’en pipent mot. Aussi, certains citoyens assimilent cette attitude à de la complicité. Cette situation navrante est malheureusement supportée par les Maliens. « C’est à croire que nous sommes dupes ou naïfs », a noté un consommateur.
Or, tous les Maliens ressentent aujourd’hui les effets du coût de la vie. Lait, sucre, riz, huile, essence, viande… : tout est cher sur le marché et tout est vendu selon la volonté du boutiquier ou du commençant. Le comble, c’est que même le riz exonéré est cédé, par certains d’entre eux, à un prix supérieur au prix officiel fixé : 310 FCFA le kilo.
En effet, certains commerçants sans foi ni loi en profitent pour vendre plus cher le kilo de ce riz. Ou va alors se nicher la moralité chez nos commerçants? Le cas des opérateurs économiques est encore plus grave. « Ce sont les plus grands voleurs de la république en complicité avec des commis de l’Etat », a fustigé un autre consommateur.
C’est qu’au Mali, tous ceux qui causent du tort à l’Etat bénéficient, quelque par, de la complicité de ses agents. Le ministre Ahmadou Abdoualye Diallo, en mesuret-il réellement toute l’ampleur? Si oui, de quelle garantie dispose-t-il pour tenir sa promesse sur le contrôle du prix des denrées?
En déclarant qu’il n’y aura pas de pénurie de sucre et de riz, le ministre a-t-il été rassuré d’abord par les opérateurs? De quels moyens dispose-t-il pour rendre le coût de ces produits accessible au consommateur? Faut-il encore prêter foi aux déclarations du ministre puis qu’au finish, il n’y a guère eu de résultats concrèts sur e terrain, ou du moins sur le marché?
Laya DIARRA