Le rassemblement, voire la fusion des partis politiques paraît une bonne initiative de la part de leurs dirigeants respectifs. Mieux, de nos jours, ces ralliements politiques sont loués, salués et même souhaités par la presque totalité des Maliens. Et pour cause : autant il existe trop de partis au Mali (plus d’une centaine), autant leurs projets de société sont en majeure partie identiques. Du reste, parlant de la plus grande partie de ces partis, leurs projets de société sont-ils véritablement concrétisés sur le terrain?…
Voilà plus de deux semaines que les commentaires et autres supputations vont bon train à propos de la fusion entre le Parti de la Renaissance Nationale (PARENA) de Tiébilé Dramé et l’Adema-PASJ de Dioncounda Traoré. Mais d’ores et déjà, une certaine grogne fuse au sein du parti de la Ruche, venant non seulement de certains militants, mais surtout de cadres du parti, et ne se gênant plus pour manifester leur mécontentement par rapport à l’entrée des « Béliers blancs » dans la famille des Abeilles.
Selon les mécontents, l’arrivée (ils ne parlent pas de fusion) des gens du PARENA à l’ADEMA n’a d’autre but, visé par le Président des « Béliers blancs » (soutiennent certains Ruchers), que de se servir du parti de la Ruche (sans le servir) en vue de parvenir à leur fin, pardon, à leurs faims. « Vous verrez, dès qu’il obtiendront ce qu’ils cherchent, ils vont se faire la malle » (entendez, ils vont déserter le bâteau Adema), faisait remarquer un militant Rucher, visiblement amer.
Aussi, bien des observateurs de la scène politique, de se poser l’obsédante question : mais qui, diable, est le véritable instigateur de ce rapprochement entre l’Adema et le PARENA, un rapprochement que d’aucuns militants des deux partis ne se gênent d’ailleurs plus pour qualifier de « contre nature« ?. De nos investigations auprès de certains militants des deux partis, il ressort, en tout cas, que trois personnes sont indexées : les Chefs des deux partis, Dioncounda Traoré et Tiébilé dramé, et… l’ancien Président Alpha Oumar Konaré.
Concernant ce dernier, et bien que personne n’ignore les liens parentaux par alliance qui existent entre Alpha et Tiébilé, beaucoup de gens ne peuvent néanmoins s’empêcher de s’interroger, à l’intar de l’autre : « mais que, diable, Alpha va-t-il chercher dans cette galère ? » …
Cependant, sur la paternité de cette fusion, les uns pointent Tiébilé du doigt, et les autres, Dionconda. Mais dans cette fusion, la plupart des militants (des deux partis) interrogés voient putôt la main de Dioncounda Traoré.
On pourrait être tenté de le croire, en effet, surtout quand on sait que de nos jours, au sein de l’Adema, son Président est le plus « chaud » à évoquer continuellement les perspectives 2012, et mieux, celui qui ne prend plus de gants pour dévoiler, à visage découvert, son ambition pour le « trône de Koulouba« .
Par ailleurs, Dioncounda Traoré n’a jamais caché son désir, et même son intention de rallier, à la cause de son parti (pour les perspectives 2012), le plus grand nombre de partis possible. Comme pour dire que « plus on est des fous pilitiques, plus on s’amuse« , ou pour signifier que l’apport des autres partis politiques permettrait à l’Adema de se garantir, sans coup férir, la place du futur Président de la République, ce qui n’est pas encore démontré ?…
Certes, il va de soi que la première ambition d’un parti, c’est de participer à l’action du pouvoir, voire de se voir présider un jour aux destinées de son pays. Mais il n’en demeure pas moins que si le fait de rallier à sa cause un bon nombre de partis est une chose, remporter, pour cela, la future présidentielle en est une autre.
Et pour cause : d’ici Avril 2012, « bien des eaux peuvent couler, sinon couleront certainement sous les ponts politiques« . De cette évidence, nul ne doute, en dépit de l’obsédante ambition que nourrissent aujourd’hui tous les grands partis (et pas seulement l’Adema) de se voir hissés à cette place tant convoitée : celle du pouvoir, et partant, du futur Chef de l’Etat. Mais bref, comme le signifait l’autre, dans cette perspective, la distance qui sépare la coupe aux lèvres est aussi grande que celle qui sépare… le poisson sec de l’océan !…
Dans cette fusion Adema-PARENA, beaucoup de citoyens ont flairé et l’opportunisme, et « l’appel du ventre« , c’es-à-dire, des intérêts personnels relatifs à de futurs postes et autres prébendes et strapontins. Certes, quoique fustigées et vilipendées par plus d’un, de telles ambitions ne sont pas seulement le propre de partis : elles sont inhérentes à tout être humain.
Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’un parti choisit de se « coller » à un autre, rien que pour assouvir ses ambitions politiques (plus cachées que dévoilées ) : même politiquement, la démarche ne paraît pas loyale. En effet, un parti digne de ce nom se doit plutôt de se battre et se dépenser sans compter, tant sur le plan de ses actions que sur celui de la mobilisaion, en vue de mériter la confiance de ses militants d‘abord, ensuite des populations en général, et des électeurs en particulier.
Certes, un parti peut bien se fondre dans un autre, ou se laisser fusionner par un autre. Mais il faudrait, au préalable, que les deux partis en question étudient et mûrissent soigneusement et consciencieusement leur projet de fusion, et qu’ils réfléchissent de concert pour voir si la durée de « leurs atomes crochus » ira au-delà des années, voire des décennies, tout cela, pour éviter le risque d’un divorce à court ou long terme.
C’est malheureusement ce scénario de rupture soudaine et intempestive que nos partis étalent le plus souvent sous nos yeux, après avoir crié sur tous les toits leur « union indéfectible » : d’où le désintérêt, le manque total de confiance, voire souvent le mépris affichés par les citoyens, notamment les électeurs, à l’endroit des politiques.
Il semble que c’est dans ce sens que la fusion du parti des « Béliers blancs » dans celui de la Ruche est difficilement acceptée, sinon très mal vue et perçue, non seulement pas maints citoyens, mais aussi par des cadres et militants même des deux partis « nouveaux mariés« .
Oumar DIAWARA