Depuis quelques temps, celui qu’on surnomme affectueusement “Ladji Bourama“ agit comme s’il est galvanisé par une puissance invisible, dans l’option qu’il s’est choisie pour animer l’Opposition radicale. Mais qu’est ce qui a donc bien pu se passer pour que le Rassemblement Pour le Mali (RPM) se soit enfin décidé à se trouver vaille que vaille sur le haut du pavé politique? Est-ce un choix délibérément opéré par le président du parti IBK lui-même, ou de concert avec les caciques du parti? Les faucons du RPM n’auraient-ils pas poussé leur “Grand manitou“ dans ce sens ?…
Ce sont là autant de questions, entre autres, que se posent bien des Maliens qui déclarent ne rien comprendre dans cette hargne du président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), Ibrahim boubacar keïta, à se faire remarquer depuis quelques temps.
Le fait est d’autant plus vrai que sur la scène politique, le premier responsable du parti des Tisserands est connu pour être un homme au sens moral et politique très élevé, et qui, en toutes circonstances, sait prendre les décisions qui s’imposent en toute objectivité.
Mais pour plus d’un citoyen, l’attitude du Mandémassa étonne et surprend, du fait même que durant plus de cinq ans, il a été Premier ministre, et président de l’Assemblée nationale du Mali durant cinq encore. L’état d’âme du président du RPM s’expliquerait-il par la mauvaise situation créée autour de lui par ceux-là mêmes qui ont été ses alliés d’hier?
Rien n’est moins sûr, car aujourd’hui, plusieurs citoyens sont uninimes à reconnaître que pour bien des acteurs politiques maliens, IBK est devenu une sorte “d’animal politique” qu’il faut abattre coûte que coûte. Nombreux sont également ceux qui, témoignages à l’appui, tentent de faire état d’un acharnement qui serait dirigé contre celui qu’on a surnommé, toujours affectueusement, “Le bourgeois de Sébénikoro”.
En tant qu’homme d’Etat, IBK est sans conteste doté de bien des qualités. Mais alors, pourquoi cet acharnement contre lui ? Hier seulement acclamé héros politique ce qu’il a pourtant été, IBK est de nos jours réellement victime de trahison venant de la plupart de ses ex-compagnons, même si le plus souvent, il prend du plaisir à se victimiser lui-même. De cette trahison, l’exemple de l’alliance Espoir 2002 est la parfaite illustration.
Malgré tout, le président du Rassemblement Pour le Mali n’a pas baissé les bras. Pendant que ses anciens compagnons tentent de lui asséner des coups, souvent bas, IBK semble apparemment percevoir, dans tous ces coups, plutôt la responsabilité du pouvoir que, selon lui, les auteurs de ces actes prétendent servir.
Pourtant, selon un militant du RPM, il n’en est rien, car en réalité, il ne s’agit que d’une chose : les vilipendeurs politiques d’IBK, notamment ses ex-compagnons, cherchent tout simplement à se venger de lui. Il semble que certains hommes politiques ne sont pas disposés à pardonner le président du parti des Tisserands pour ce qu’il leur aurait fait subir à l’époque où il était Premier ministre. Et même avec le recul du temps, ils ne semblent toujours pas prêts à lui pardonner. Ont-ils encore d’autres raisons valables de garder… des dents contre l’initiateur de l’ancienne alliance Espoir 2002?
Toujours est-il qu’IBK ne cesse aujourd’hui de charger le régime actuel. C’est comme si ATT était devenu le responsable de tout les maux dont il souffert, ces derniers temps, sur la scène politique. A ses yeux, le Chef de l’Etat paraît accorder plus d’importance aux responsables politiques membres de l’ADP qui ont œuvré pour sa réélection, plutôt qu’au RPM qui a décidé de l’affronter en posant sa candidature pour ladite élection.
Pourtant, il semble plus probable que les récentes attaques d’IBK à l’encontre du régime, lors de sa visite à Ségou, vise plus ses anciens compagnons aujourd’hui déclarés ”traîtres” au sein du RPM, plutôt que le pouvoir lui-même en tant que tel.
C’est que le président du Rassemblement Pour le Mali est convaincu qu’un parti politique n’a de sens que lorsqu’il nourrit l’ambition d’oeuvrer pour conquérir et exercer le pouvoir. C’est cette conviction qui semble avoir guidé le RPM dans son choix de présenter un candidat aux élections présidentielles de 2002 et 2007.
Il est également à rappeler qu’au commencement de cette opposition du RPM était la rentrée parlementaire de 2005, où des divergences étaient nées dans les relations entre les députés RPM et ceux se réclamant de la mouvance présidentielle. Depuis cette date, les rapports entre le pouvoir et le parti des Tisserands n’ont fait que s’aggraver, jusqu’à ce que les élections présidentielle et législatives de 2007 soient venues en rajouter à l’incompréhension entre les deux parties.
Et depuis lors, on constate que le président du RPM a soigneusement pris ses distances, même à l’endroit de certains membres de l’Opposition… même s’il a opté pour ce camp. Et à cet effet, il ne rate désormais plus aucune occasion pour s’illustrer dans la diatribe. Pour livrer ce combat, les armes qu’il utilise sont des situations qui sont connues de tous : entre autres, la rébellion au Nord, l’accord d’Alger, la crise de l’école, la cherté de la vie, la privatisation de la CMDT, l’Initiative Riz du Premier ministre.
Autant de sujets sur lesquels le RPM et son président ne font aucun cadeau au régime, écorchant au passage leurs alliés d’hier qui ont (ou parce qu’ils ont) préféré aujourd’hui coopérer avec le pouvoir. Aussi, face à cette situation, ”très grave”, aux yeux du parti, IBK n’a pas hésité à déclarer, au cours de sa tournée à Ségou, que “le Mali est en danger”.
Et IBK impute cette situation au régime actuel dont les actions sont assimilées à de la “médiocrité” par les responsables RPM et en premier lieu, par leur président qui met toute occasion à profit pour l’expliquer à ses militants qu’il appelle, par la même occasion, à la vigilance.
Et certains observateurs, de constater que du fait de ces boutades actuelles lancées par IBK à l’encontre du pouvoir, le RPM a de nos jours ravi la vedette aux autres partis de l’Opposition. Même au Dr. Oumar Mariko du parti SADI qu’on croyait avoir supplanté IBK sur ce plan.
Au regard de tout ce qui est dit, une question surgit : cette stratégie adoptée par les leaders du RPM peut-elle s’avérer payante pour le parti et son pérsident, le jour J des futures échéances électorales? Dans tous les cas, le moins que l’on puisse constater, c’est que ces derniers temps, IBK est politiquement requinqué à bloc.
Laya DIARRA